Le danger des écrans chez les enfants et adolescents réside dans leur omniprésence. En effet, que ce soit pour les loisirs, l’éducation ou encore la communication, l’utilisation d’écrans au quotidien devient presque inévitable.
Cependant, cette hyperconnexion soulève d’importantes préoccupations quant à ses impacts sur la santé et le bien-être des jeunes. Le Président de la République a installé en janvier 2024 une Commission d’experts pour évaluer l’exposition des enfants aux écrans.
Leur rapport intitulé : « Enfants et écrans : À la recherche du Temps perdu » soulève des questions cruciales sur l’impact du numérique sur l’éducation et le danger des écrans. Vous trouverez ci-dessous un aperçu des risques identifiés par la commission.
Cette image vous dit quelque chose ? C’est effectivement un spectacle assez banal de nos jours, et pour cause :
Selon les données de l’ANSES et de Santé publique France, les enfants âgés de 3 à 6 ans passent en moyenne 2 heures par jour devant des écrans. Sur l’ensemble des mineurs, on arrive à 3 heures et 30 minutes en moyenne. Cette consommation excessive est considérable et néfaste pour leur santé. En effet, cela fait plusieurs années que le temps d’écran des jeunes ne cesse d’augmenter.
source : statista
La télévision reste l’écran principal utilisé par les enfants, mais les tablettes, smartphones et consoles de jeux gagnent en popularité chez les jeunes. Le rapport révèle également une exposition aux écrans dans la rue (panneaux publicitaires) ou encore dans des lieux publics (salle d’attente, transport en commun).
Plusieurs facteurs influencent le temps que les enfants passent devant les écrans. La zone géographique ou la Catégorie Socio Professionnelle (CSP) des parents ont un fort impact sur le temps d’écran des enfants et adolescents. En général, plus les parents ont un haut niveau d’éducation, moins leurs enfants passent de temps devant les écrans. À l’inverse, les enfants de parents ayant un niveau d’études plus faible sont plus susceptibles d’y être plus exposés.
L’exposition aux écrans favorise la sédentarité, ce qui contribue à l’augmentation du surpoids et de l’obésité chez les enfants. En 1990, 2,5% des enfants de 5 ans étaient obèses, ce taux est passé à plus de 9,5% en 2020. Une augmentation qui n’est pas uniquement due aux écrans, mais qui reste très alarmante.
Les heures passées devant les écrans sont souvent des heures de moins consacrées à des activités physiques. Cette inactivité entraîne également des pathologies associées, telles que des maladies cardiovasculaires et le diabète, mettant en évidence le danger des écrans.
Évolution de la part des enfants de cinq ans obèses à l’échelle mondiale, par sexe, entre 1990 et 2022
L’utilisation intensive des écrans peut avoir des effets négatifs sur le développement cognitif des enfants. Cela peut entraîner des difficultés de concentration , des comportements antisociaux et des risques d’addiction.
Les médias sociaux, en particulier, peuvent exacerber ces effets en créant des environnements de comparaison sociale et de pression constante. Les contenus stimulants et rapides sur les écrans peuvent entraîner une surcharge sensorielle et captiver excessivement l’attention des tout-petits. Cela peut donc nuire à leur capacité à se concentrer sur des activités plus calmes et à développer une attention soutenue. De plus, l’utilisation excessive des écrans peut mener à l’isolement, à des problèmes de socialisation mais aussi des problèmes de langage.
L’hyperconnexion chez les plus jeunes pose un problème majeur pour le développement de la parole et du langage. Les enfants passent moins de temps à parler lorsqu’ils sont devant les écrans, ce qui nuit à leur développement linguistique. Selon Santé publique France , les enfants exposés aux écrans le matin avant d’aller à l’école ont trois fois plus de risques de développer des troubles primaires du langage.
De plus, ceux qui évoluent dans un environnement où les interactions verbales sont rares ont six fois plus de chances de développer de tels troubles. Cela peut créer des problèmes de communication et de sociabilisation. Il est clair que le danger des écrans est palpable, mettant en lumière l’impératif de les réguler.
L’exposition prolongée aux écrans entraîne divers troubles oculaires. Parmi eux, on retrouve la fatigue visuelle, le syndrome de l’œil sec (habituellement associé au vieillissement) et des perturbations visuelles temporaires. La lumière bleue émise par les écrans est particulièrement nocive pour les yeux et peut augmenter le risque de myopie.
En 2016, une étude de la Fondation Krys a révélé que 81% des ophtalmologistes ont constaté une augmentation de 14% des cas de myopie chez les enfants et les adolescents au cours des dix dernières années. Jean-Paul Renard , professeur en ophtalmologie et chercheur, parle d’ailleurs d’une « véritable épidémie de myopie ».
L’accès à internet amplifie le danger des écrans en exposant les jeunes au harcèlement en ligne. Ils sont parfois confrontés à des moqueries, des intimidations ou encore des menaces. Les conséquences peuvent être graves, allant de la détresse émotionnelle à des impacts plus sérieux sur la santé mentale.
Le contrôle parental et la sensibilisation des jeunes face au cyberharcèlement permettent de réduire ces risques.
Les écrans, en particulier lorsqu’ils sont utilisés en soirée, ont un impact négatif sur le sommeil des enfants. La lumière bleue émise par les écrans supprime la synthèse de mélatonine, une hormone essentielle au sommeil, retardant ainsi l’endormissement et perturbant le rythme circadien. Des études montrent que les adolescents dorment en moyenne moins de 7 heures par nuit en semaine , alors que les recommandations préconisent 8 à 9 heures de sommeil par nuit.
Un manque de sommeil peut avoir des effets durables sur la concentration, la performance scolaire et la santé mentale. Les enfants privés de sommeil sont plus susceptibles de présenter des troubles de l’humeur, de l’anxiété et des difficultés cognitives.
Les jeunes sont souvent exposés à des contenus inappropriés, comprenant de la pornographie et des contenus violents ou traumatisants. Environ 36 % des 11-18 ans ont été exposés à des scènes pornographiques. Cette exposition peut avoir des effets néfastes sur leur équilibre psychologique et leur sécurité .
L’exposition à des contenus inappropriés peut nuire à la santé mentale des enfants, entraînant encore une fois des sentiments d’anxiété, de peur et de confusion.
Les écrans présentent des risques importants pour la santé des jeunes, tels que les troubles du sommeil, la sédentarité, les problèmes de vision, l’exposition à des contenus inappropriés, et les impacts négatifs sur le comportement et la cognition. Le danger des écrans est réel et préoccupant.
Une approche équilibrée et informée de la part des parents est essentielle pour minimiser ces risques et permettre aux enfants de bénéficier des avantages des technologies numériques.
Voici quelques recommandations pratiques, formulées par le comité d’expert, pour limiter le temps d’écrans :
Recommandations pratique pour limiter le temps d’écrans |
Personnes concernées |
Exemples de concrétisation |
Renforcer la recommandation de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans |
Parents, crèches, assistantes maternelles |
Interdire les écrans dans les crèches et chez les assistantes maternelles |
Déconseiller l’usage des écrans jusqu’à 6 ans, usage fortement limité avec contenus éducatifs et accompagnés par un adulte |
Parents, écoles maternelles |
Sensibilisation des parents, interdiction d’écrans à l’école maternelle sauf pour besoins particuliers |
Exposition modérée et contrôlée des écrans après 6 ans |
Parents, écoles |
Promouvoir des activités alternatives, limiter le temps d’écran quotidien |
Pas de téléphone avant 11 ans, téléphone sans internet à partir de 11 ans, téléphone connecté sans réseaux sociaux à partir de 13 ans, réseaux sociaux éthiques à partir de 15 ans |
Parents, adolescents, écoles |
Campagnes de sensibilisation, réglementation de la distribution et de l’utilisation des téléphones portables en milieu scolaire |
Promotion de contenus alternatifs et développement d’activités sans écrans |
Communautés locales, écoles, associations |
Création de bibliothèques de rue, aires de jeux sans écrans, espaces publics avec jeux de société et boîtes à livres |
Sensibilisation et formation des parents et professionnels de l’enfance |
Parents, enseignants, éducateurs |
Programmes de formation continue, campagnes d’information sur les bonnes pratiques liées aux écrans |
Cependant, il est pratiquement impossible de se déconnecter totalement du numérique. Lorsque les technologies sont bien utilisées, elles optimisent les parcours éducatifs, renforcent l’inclusivité et élargissent l’accès à l’éducation.
Les technologies offrent la possibilité aux étudiants isolés ou en situation de précarité d’accéder à des formations en ligne . C’est notamment le cas en Guyane , où le manque d’établissements scolaires rend difficile l’accès à l’éducation pour de nombreux enfants isolés d’Amazonie. L’utilisation de la technologie permet depuis septembre 2023 à plusieurs villages isolés de recevoir en direct les cours du collège le plus proche, dans une salle de classe dédiée, grâce au projet « Guyane connectée : combler les écarts ».
De même, les technologies permettent de proposer des parcours éducatifs personnalisés, adaptés aux besoins individuels de chaque élève. Tout en s’ajustant à leurs niveaux scolaires pour une compréhension optimale. Cette approche se distingue nettement des classes traditionnelles. En effet, ces dernières sont souvent composées en moyenne de 35 élèves, pour un seul enseignant. L’ application Duolingo illustre bien cette approche, en utilisant une intelligence artificielle pour personnaliser les cours selon le niveau de chaque utilisateur, tout en adaptant progressivement son parcours au fil du temps.
C’est aussi particulièrement notable dans l’enseignement supérieur , où l’adoption des intelligences artificielles, LMS, ou encore augmentée, est devenue courante.
Finalement, le numérique offre de nombreux avantages dans divers domaines tels que l’éducation, la communication et l’accès à l’information.
Cependant, des réglementations et des contrôles plus stricts sont nécessaires pour prévenir les dangers des écrans chez les plus jeunes. Sans une surveillance adéquate, ils risquent d’être exposés à des contenus inappropriés, à la cyberintimidation et à d’autres risques pour leur santé liés à une exposition excessive. Ainsi, une approche équilibrée est essentielle pour optimiser les avantages du numérique tout en protégeant les jeunes utilisateurs.
Pour en savoir plus, nous vous recommandons de lire directement le rapport effectué par la Commission.
Bonne lecture